Semaine de 4 jours : 6 questions à vous poser avant de vous lancer (2024)

par Maïté Hellio

Publié le

Vous souhaitez tester la semaine de quatre jours mais vous ne savez pas par où commencer? Philippe du Payrat vous répond.

La semaine de quatre jours: c’est pour qui?

«En 120 ans, on a divisé le temps de travail par deux, mais on n’est passé que de six à cinq jours de travail par semaine », constate Philippe du Payrat, en faveur de la semaine de quatre jours de travail. Pour le cofondateur de 4jours.work, ce modèle peut fonctionner «dans tous types d’organisation, pour peu que ses modalités soient adaptées au secteur d’activité et à ses contraintes». Il en veut pour preuve la variété des organisations qui l’ont adoptée à travers le monde : entreprises de retail, industriels, crèches, unités de police, hôpitaux…

Après avoir germé dans les pays anglosaxons, le mouvement a pris de l’ampleuraux quatre coins du globe : l’association 4 Day Week Global a accompagné 350 entreprises dans une vingtaine de pays (Etats-Unis, Canada, Espagne, Australie…) dans leurs phases d’expérimentation de la semaine de quatre jours. «91% de ces entreprises ont choisi de la pérenniser à l’issue du test, dénombre Philippe du Payrat. Les 9% de non-réussite sont dussoit au rachat de ces entreprises, à l’absence de définition des critères de réussite de l’expérience ou bien à une répartition inéquitable de la charge de travail.»

Dans ces expérimentations, il s’agit d’une semaine réduite et non du même temps de travail compressé en quatre jours. « Notre volonté est de redonner du temps à chacun pour le bien-être de tous, sans compromis sur la productivité. Ces tests ont démontré que ce modèle permettait de maintenir le niveau de productivité tout en présentant de nombreux bénéfices, tant pour les salariés (amélioration de leur santé physique et mentale, meilleure articulation vie pro/vie perso, renforcement de l’égalité professionnelle femmes/hommes…) que pour les entreprises (baisse du taux d’absentéisme, du nombre de démissions, du nombre de burn out, renforcement de l’engagement des collaborateurs, atout pour la marque employeur…). Les travaux de recherche, comme ceux menés par l’emlyon business school, confirment cette amélioration de la productivité et du bien-être des salariés. »

En France, selon le site 4jours.work, 4000 entreprises ont déjà adopté la semaine de quatre jours. « Ce sont principalement des TPE et des PME, qui ont d’importants enjeux en termes d’attractivité et de rétention des talents, même s’il existe des exceptions, comme LDLC (1 000 salariés) ou KPMG (6 220 salariés)».

Tenté par l’expérience ? Philippe du Payrat liste les bonnes questions à se poser en amont.

Pourquoi la semaine de 4 jours?

« C’est la première question que nous posons aux entreprises qui candidatent : pourquoi voulez-vous tester la semaine de 4 jours ? La semaine de 4 jours peut être implémentée pour des raisons diverses, propres à chaque entreprise. Pour certaines, il s’agit de pallier des difficultés de recrutement ou des démissions massives. D’autres dirigeants font la démarche pour aller au bout de leur logique d’engagement social ou dans une volonté d’améliorer significativement la qualité de vie au travail. D’autres encore l’envisagent comme une manière de renforcer l’attractivité de leur marque employeur. »

Sur quelle base estimerez-vous que l’expérience a été un succès?

«C’est en répondant à la première question que les critères de réussite de l’expérience pourront être définis. Comme on n’améliore que ce que l’on mesure, il est nécessaire de choisir quelques indicateurs clés de succès, de manière synthétique.» Au choix: la croissance de votre entreprise, l’évolution de votre chiffre d’affaires, la satisfaction des clients, l’évaluation de l’amélioration du bien-être salarié, la réactivité à délivrer un projet…

Comment adapter son planning ?

La réponse dépend, à la fois, de votre secteur d’activité, de votre culture d’entreprise et de la typologie de salariés (ETAM, cadres au forfait jours, salariés à temps partiel, alternants, stagiaires…).

« Il faut choisir le mode de fonctionnement optimal, tant au niveau de l’organisation qu’au niveau individuel : est-ce que ça a du sens d’instaurer un planning roulant, de sanctuariser un jour non travaillé par service, de fermer l’entreprise un jour par semaine ? Comment faire pendant les semaines qui comprennent un jour férié ? Comment adapter ce planning aux pics d’activité, à la saisonnalité ? »

Quels salariés concernés?

«Nous sommes convaincus que l’expérience marche mieux si tous les collaborateurs de l’entreprise sont éligibles à la semaine de quatre jours, avance Philippe du Payrat. Si les commerciaux ou les cadres sont exclus du test, ça crée un sentiment fort d’iniquité. Ça ne force pas non plus l’organisation à se repenser comme un tout, à innover sur la manière de travailler et de communiquer, et, à mon sens, le risque d’échec est plus important. »

« Après, si vous êtes une grande entreprise et que vous voulez la tester d’abord à l’échelle d’une Business Unit, c’est possible aussi. Mais je pense qu’il faut ouvrir la voie, dès le départ, à une généralisation à toutes les équipes si l’expérience est concluante », poursuit-il.

Quelle communication avec les parties prenantes?

Philippe du Payrat insiste sur la nécessite d’embarquer toutes les parties prenantes de l’entreprise: collaborateurs, managers, direction, RH, CSE, partenaires sociaux. « Il faut les associer, notamment à travers des ateliers, et il faut coconstruire votre semaine de 4 jours avec eux. Il ne faut surtout pas bâcler ce temps de planification ! »

Vos clients doivent également être informés de votre démarche: «Certaines entreprises ont peur que leurs clients voient la semaine de 4 jours d’un mauvais œil, mais, la plupart du temps, les clients s’intéressent au projet et sont preneurs de leurs retours d’expérience.»

Quels impacts sur vos autres politiques RH?

La mise en place de la semaine de quatre jours suppose aussi de s’interroger sur d’autres politiques RH: « Quels impacts sur votre politique de télétravail ? Sur la préparation et l’organisation des réunions ? Sur le volume de vos recrutements ? Sur la gestion des temps (comment garder un bon mix entre tâches où il faut se concentrer, sessions de travail collectif, moments de socialisation ?) ? Sur les stratégies à déployer pour gagner en productivité, notamment grâce à l’IA ? Sur votre culture d’apprentissage et vos plans de formation ? Sur la nature de la relation de travail elle-même ?»

Participez au premier pilote français de la semaine de 4 jours!

A l’automne 2024, la France lance, à son tour, le premier test à grande échelle de la semaine de quatre jours. Les entreprises de 10 à 250 salariés qui souhaitent participer à ce pilote peuvent s’inscrire du 24 avril au 31 juillet. Les formations auront lieu en septembre et octobre 2024. S’ensuivront six mois de test de la formule à l’issue desquels l’entreprise décidera de la pérenniser ou non.

« Notre promesse est de réussir le passage à la semaine de quatre jours en huit mois. Avec, à l’appui, des ateliers avec des experts, des mentors, un accompagnement personnalisé sur les sujets RH et juridiques, l’accès à des cours en ligne, à des articles scientifiques et à la plus grande communauté mondiale d’entreprises déjà passées à la semaine de quatre jours », développe Philippe du Payrat.

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